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16 décembre 2011 5 16 /12 /décembre /2011 20:20
LIBYE : Le marché du siècle

200 milliards de dollars de chantiers ? L’estimation fait saliver les États de la coalition et… les autres.

 

« LE PRÉSIDENT de la République a pris des risques politiques et militaires, tout ça crée un climat où les responsables libyens, le peuple libyen, savent ce qu’ils doivent à la France. On ne va pas rougir de faire bénéficier nos entreprises de cet avantage. » Ainsi s’exprimait le 6 septembre le secrétaire d’État français chargé du Commerce extérieur, Pierre Lellouche, devant près de 400 patrons réunis au siège parisien du Mouvement des entreprises de France (Medef) International. Parmi eux, des représentants de sociétés du CAC40, Alcatel, Alstom, Bouygues, Peugeot, Total, Vinci, et des dizaines de chefs de PME tout aussi intéressés par les perspectives d’investissement dans l’ancien pays de Kaddafi. Pendant cette journée, une estimation circulait, qui aurait été calculée BUSINESS par le Conseil national de transition (CNT) : le marché de la reconstruction serait de 200 milliards de dollars sur dix ans. Au mois d’août, l’ancien gouverneur de la Banque centrale libyenne, Farhat Bengdara, qui s’était éloigné du régime dès le mois de février, avait estimé le montant des dégâts matériels après six mois de conflit aux alentours de 15 milliards de dollars. Lors de la Conférence de soutien à la Libye nouvelle, organisée le 1er septembre à Paris par la France, en accord avec le Royaume-Uni, c’est précisément cette enveloppe qui a été débloquée des avoirs libyens gelés. Soit moins de 10 % des quelque 168 milliards de dollars placés à l’étranger par la Banque centrale ou le Fonds souverain libyen, en cash (50 milliards dans les banques européennes, 40 milliards en bons du Trésor américain) ou en prise de participations. Avec une telle cagnotte, le pays « n’a pas besoin d’emprunter de l’argent », avait aussi souligné, à juste titre, Farhat Bengdara. D’autant que le pays n’est pas endetté. La totalité des avoirs sera sans doute « dégelée » lorsque de nouveaux responsables auront été désignés à la tête des institutions financières du pays, que le système bancaire aura été remis sur pied et que le chantier de la reconstruction aura été à peu près négocié, entendre partagé, entre les nouveaux alliés de la Libye. La banque JP Morgan, qui estimait, quant à elle, la totalité du chantier aux alentours des 80 milliards de dollars, 37 milliards pour les seules infrastructures énergétiques, a déjà dépêché ses golden boys sur place. Tout comme les autres grandes banques internationales ou arabes, HSBC, Standard Chartered, UniCredit et Mashreq, venues repérer les meilleures opportunités d’investissement pour leurs clients. Leur rêve : voir le PIB libyen doubler avant dix ans, un objectif à 150 milliards de dollars annuels. À condition de faire repartir la production de brut, véritable machine à cash du pays. En 2010, les exportations de pétrole ont représenté 95 % des revenus à l’étranger, 80 % des revenus du gouvernement, un quart du PIB, soit près de 20 milliards de dollars. Et les réserves sont estimées à 46,4 milliards de barils, les plus importantes du continent juste devant celles du Nigeria. Avant le début de l’insurrection, mi-février, la production était de 1,6 million de barils par jour. Sept mois plus tard, elle est tombée à 60 000 à 100 000 barils par jour, selon les estimations. Pour la banque Citigroup, le pays aura retrouvé sa pleine capacité d’ici à la fin de 2012. Ce qui signifie que les infrastructures du secteur auront toutes été réparées et remises en service. Début septembre, si toutes les grandes compagnies étrangères présentes dans le pays – ENI, OMV, Wintershall, BP, Royal Dutch Shell, Total, Repsol, Occidental Petroleum, ConocoPhillips, Waha Oil, Marathon Oil, Hess… – se disaient prêtes à revenir, elles attendaient de voir dans quelles conditions. D’abord, parce que le pays est loin d’être sécurisé pour leur personnel. Ensuite, parce que certains opérateurs redoutaient une redistribution des contrats signés sous le régime de Kaddafi. Le premier d’entre eux, l’italien ENI, présent dans le pays depuis 1959, a préféré prendre les devants en s’empressant d’aller signer à Benghazi, le 28 août, un protocole d’accord avec le CNT enjoignant les deux parties à « créer les conditions pour une rapide et complète reprise des opérations ». Le gouvernement de Silvio Berlusconi avait aussi fait ce qu’il fallait pour mettre de l’huile dans les négociations en débloquant une avance de 500 millions d’euros. Rome a donc su faire oublier ses atermoiements pendant toute la crise, notamment ses hésitations à rejoindre l’Otan. « Il n’y a pas une course à qui arrivera le premier en Libye », avait déclaré le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini. Il y avait en tout cas urgence à défendre les intérêts de son pays, premier partenaire commercial de Tripoli et premier importateur de brut libyen. Preuve que l ’Élysée espérait bien tirer un profit industriel et commercial de l’engagement personnel du président Sarkozy, soutien de la première heure de la rébellion, la révélation par le journal Libération d’un accord secret passé avec le CNT garantissant 35 % des nouveaux contrats pétroliers à la France. L’information a peut-être été démentie, mais nul ne doute que la Grande-Bretagne, les États- Unis, le Qatar, qui ont contribué aux opérations armées, ainsi que la Turquie, qui a financé les rebelles en cash, 200 millions ou 300 millions d’euros, espéraient tous rafler une part du gâteau. D’autres, comme la Chine, qui a tardé à reconnaître le CNT, attendaient de voir jusqu’à quel point le chef du CNT, Moustapha Abdeljalil, tiendrait sa promesse de récompenser « en fonction du soutien » apporté aux insurgés. Enjeu pour Pékin : 18 milliards de contrats signés avec le clan Kaddafi, la plupart dans le secteur des infrastructures, qui avaient mobilisé dans le pays 35 000 de ses ressortissants.


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16 décembre 2011 5 16 /12 /décembre /2011 20:17
Nigeria, cinquième puissance mondiale ?

D’après une étude très optimiste, le pays le plus peuplé du continent pourrait être aussi le plus riche en 2050, date à laquelle son PIB dépassera celui du Brésil.

 

PREMIER PAYS producteur et exportateur de brut africain, le Nigeria détrônera l’Afrique du Sud de sa place de première économie du continent à l’horizon 2025, d’après une note du cabinet Morgan Stanley de Johannesburg diffusée fin juin. Les auteurs, les économistes Andrea Masia et Michael Kafe, estiment que le PIB du Nigeria talonnera déjà celui de l’Afrique du Sud en 2016, avec un montant de 400 milliards de dollars (173 milliards en 2009 d’après la Banque mondiale) contre 500 milliards pour l’Afrique du Sud (285,4 milliards il y a deux ans). Ces prévisions à plus court terme prennent en compte le boom économique actuel : une croissance annuelle soutenue (+ 8,4 % en 2011 et + 8,5 % en 2012, soit plus du double de celle prévue en Afrique du Sud), tirée par une production pétrolière en hausse (+ 9,5 % en 2012, soit une production de 2,3 millions de barils par jour) et accompagnée par une hausse des salaires et des prêts à la consommation. Ces derniers points sont déterminants, puisque le Nigeria est aussi le pays le plus peuplé d’Afrique avec environ 155 millions d’habitants, soit trois fois plus que la population de la nation Arc-en-Ciel (49,3 millions). Au sein de la banque Citigroup, les économistes prédisent carrément que le pays pourrait devenir la sixième économie du monde en 2040 et la cinquième en 2050 avec un PIB dépassant les 42 000 milliards de dollars, derrière l’Indonésie, mais devant le Brésil. C’est en tout cas ce qu’affirmait leur rapport paru en février dernier, contredisant une étude signée HSBC publiée un mois plus tôt, pour qui l’ordre mondial aura peu bougé en 2050 (le Nigeria ne figure même pas dans leur top 25). Mais dans l’hypothèse d’un vrai décollage, comment en profiter ? En jouant sur certaines valeurs cotées à la Bourse nigériane, répondent les experts de Morgan Stanley, qui conseillent d’acheter des actions Guinness, Nestlé Food, Diamond Bank ou encore Guaranty Trust Bank. Rendement de 100 % sur soixante mois, selon le directeur du Nigerian Stock Exchange, Oscar Onyema, cité par Bloomberg. Il estime que le miracle économique nigérian dopera le marché des valeurs au-delà de la barre des 1 000 milliards de dollars d’ici à cinq ans, soit près du double d’aujourd’hui. À condition de faire coter des compagnies du pétrole, du gaz, des télécommunications et de l’énergie, précisait-il aussi, en pensant surtout à la Compagnie pétrolière nationale nigériane, propriété du gouvernement et actionnaire de tous les acteurs du secteur, Royal Dutch Shell, Total, Exxon Mobil… Un gros poisson qui redonnerait des couleurs à la Bourse nigériane : son indice de performance, qui avait déjà perdu 67 % de sa valeur depuis mars 2008, est le troisième plus mauvais de l’Afrique subsaharienne après le Kenya et le Botswana sur la période des douze derniers mois, rappelait enfin Bloomberg.


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16 décembre 2011 5 16 /12 /décembre /2011 20:14
PÉTRODOLLARS La question des avoirs libyens

C’est l’autre front de la guerre à Tripoli : celui de l’argent.

 

34 MILLIARDS DE DOLLARS gelés aux États- Unis, 19,7 milliards au Royaume-Uni, 412,3 millions en Suisse… Les avoirs libyens saisis dans ces trois pays faisaient débat au mois de mai, au moins à Washington et à Londres, où l’on se demandait comment débloquer, légalement, une partie de ces fonds pour venir en aide à la rébellion face au régime Kaddafi. D’après le Wall Street Journal, la chose serait éventuellement envisageable aux États-Unis, où un simple décret du Congrès suffirait pour ordonner le transfert de propriété. En Grande-Bretagne, un tel mécanisme légal semble « techniquement possible », selon Harriet Territt, avocate au cabinet londonien Jones Day interrogée par le WSJ. En Allemagne ou en Suisse, une telle manoeuvre est inimaginable, voire absurde, selon les déclarations, toujours au WSJ, du magistrat suisse Jean-Bernard Schmid. Sans compter que de telles procédures auraient pour effet d’être immédiatement contestées par le propriétaire légitime, fût-il bunkerisé. Le ministre adjoint des Affaires étrangères libyen, Khaled Kaïm, a d’ailleurs déjà prévenu que de telles actions relèveraient de la « piraterie en haute mer » et qu’une rébellion n’est de toute façon « pas un pays ».

Pour venir en aide aux anti-Kaddafi, qui réclament entre 2 milliards et 3 milliards de dollars, certains États pourraient considérer les avoirs gelés comme une éventuelle caution susceptible de garantir l’ouverture d’une ligne de crédit. Reste la solution de suivre l’exemple du Rwanda, qui, au mois d’avril, a annoncé le gel des avoirs libyens dans le pays en prenant le contrôle des prises de participations de la Soprotel, détenue à 60 % par le Portfolio libyen de l’investissement africain (LAP), dans l’hôtel Laico. Dans ce pays, LAP détenait aussi la majorité des parts de l’opérateur télécoms Rwandatel, dont la licence a été révoquée faute d’investissements. LAP, mais aussi Libya Arab Africa Investment (Laaico), Libyan Foreign Investment Company (Lafico), ou encore Libya Oil Holding, sont toutes des filiales du fonds souverain de Libye, connu sous le nom de Libyan Investment Authority (LIA), dont le portefeuille en gestion était encore estimé au mois de mars à 75 milliards de dollars (150 milliards si l’on additionne les réserves de la Banque centrale, elle-même actionnaire à hauteur de 29 % du group Arab Banking Corporation, présent dans une vingtaine de pays). Une autre filiale, le Long-Term Investment Portfolio, aurait investi près de 7 milliards d’euros en Europe, dont 5 milliards en France. Quant aux prises de participations africaines, elles concernent à peu près la moitié du continent, dans des secteurs d’activités aussi variés que l’hôtellerie, les télécoms, l’immobilier, les mines, le ciment, des sources d’eau, des concessions forestières ou encore l’agriculture. Inutile de préciser que l’actionnaire libyen est actuellement aux abonnés absents quand il s’agit de régler des factures ou de recapitaliser une filiale.


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16 décembre 2011 5 16 /12 /décembre /2011 19:45

Obama Wade Barack Obama à Abdoulaye Wade : pas de 3ème mandat en 2012 !C’est dans une lettre de Johnnie Carson, Sous-secrétaire d’Etat Américain aux Affaires africaines, adressée à Me Abdoulaye Wade que la Maison Blanche demande au président sénégalais de ne pas briguer un troisième mandat. Et cette note diplomatique pourrait se résumer en une seule phrase : « Renoncez à vous présenter ».

Pour le pays de Barack Obama, « la candidature de Wade serait une source de déstabilisation du Sénégal ». Et selon le quotidien « Enquête », la lettre de Johnnie Carson sonne comme la position officielle de la première puissance mondiale. Car cette lettre n’a pas pu être écrite ou expédiée sans l’aval d’HiLlary Clinton, Secrétaire d’Etat et patronne de la diplomatie américaine.

Il faut signaler que, vu le poste de Johnnie Carson, cette correspondance diplomatique engage de facto le président des Etats-Unis, Barack Obama, qui était « très remonté contre Wade après la fameuse poignée de mains entre lui et Karim Wade à Deauville, lors du sommet du G8. C’est Nicolas Sarkozy, président français, qui avait effectué la présentation à cette occasion.

Cette lettre intervient après la visite de son auteur au Sénégal en août dernier, voyage au cours duquel il avait rencontré le président Me Wade, la société civile et les leaders de l’opposition. Le chef des dossiers africains à la Maison blanche avait entendu de vive voix, les craintes de l’opposition sénégalaise à propos des échéances électorales de février 2012. Il a aussi constaté à quel point la tension était vive entre le pouvoir et l’opposition après les évènements des 23 et 27 juin dernier.  Elle (lettre de Johnnie) vient également après celle de l’ex-président et prix Nobel de la paix Jimmy Carter.

Après ses consultations avec le pouvoir, l’opposition et la société civile en août dernier, Johnnie Carson avait rencontré la presse pour affirmer : « Nous espérons que le gouvernement va prendre toutes ses responsabilités pour organiser des élections libres, justes et transparentes, conformément aux lois et à la constitution ».

Du côté de l’opposition, Johnnie avait exhorté cette couche politique à « jouer pleinement son rôle en participant paisiblement à ces élections, en s’organisant ».

Pour l’heure, le gouvernement sénégalais n’a fait aucune déclaration face à ces prises de position de la première puissance du monde.

 

 

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16 décembre 2011 5 16 /12 /décembre /2011 19:43

 

LG CPI 250x137 Tribune: Pourquoi lAfrique ne devait pas livrer Gbagbo à la CPIPour Mamadou Oumar Ndiaye, Directeur de la rédaction de l’hebdomadaire sénégalais Le Témoin, nombre de dirigeants africains sont toujours les pions de l’Occident.

L’Afrique est décidément un continent maudit. Et dont les dirigeants actuels appartiennent à la pire espèce qui puisse exister sur terre! Voilà donc le seul continent au monde dont d’anciens chefs d’Etat sont détenus actuellement à La Haye, aux Pays-Bas, en vertu d’un mandat d’arrêt délivré par la Cour Pénale Internationale (CPI) devenue, par la force des choses, une Cour Pénale Africaine.

Bouc-émissaire de la CPI

En effet, les seules affaires instruites à ce jour par cette juridiction de Blancs pour juger des «Nègres » africains concernent sept pays du continent, à savoir l’Ouganda, la République démocratique du Congo, la République centrafricaine, le Darfour, le Kenya, la Libye et la Côte d’Ivoire. Sept pays africains, et pas un seul d’une autre région du monde. Vous voyez comment on se fout de la gueule de l’Afrique?

Le pire et le plus grand mépris, c’est que la plupart de ces Etats qui siègent au Conseil de sécurité des Nations-Unies et qui saisissent cette Cour de violations présumées des droits de l’homme voire de crimes de guerre ou crimes contre l’humanité… ne sont pas signataires de la Charte de la même CPI!

Laquelle n’a donc pas le droit de juger leurs ressortissants qui appartiennent à une sorte de race aryenne qui serait supérieure à celle des êtres primitifs que nous serions. Ainsi, malgré les crimes abominables qu’ils commettent en Palestine, et les 1400 morts tués lors de l’opération Plomb durci à Gaza, en décembre 2008-janvier 2009 et malgré les conclusions accablantes du rapport Goldstone, ne vous attendez surtout pas à voir les dirigeants israéliens comparaître devant la CPI, encore moins à ce qu’ils soient emprisonnés à La Haye!

Non, encore une fois, un tel traitement de forçats et de galériens, on ne le réserve qu’à ces salauds d’Africains, surtout s’ils sont «Nègres » de surcroît, Arabes à la rigueur. Un Israélien à La Haye? Jamais! Quant à un Français, un Anglais ou un Américain, c’est tout simplement impensable! Ainsi fonctionne la «justice» internationale, à géographie variable et en fonction de la couleur de la peau… Selon que tu seras puissant ou misérable, disait La Fontaine. On pourrait ajouter: selon que tu seras Noir ou Blanc aussi…

Des Africains trahis par leur propres frères

Hélas, comme du temps de la traite des «Nègres », lorsque c’étaient des Africains qui vendaient leurs propres frères aux négriers blancs, aujourd’hui encore, en plein XXIème siècle, la même pratique perdure. Ainsi, ce sont les dirigeants africains eux-mêmes, Nigeria en tête, hélas, qui ont livré l’ancien chef de l’Etat libérien, M. Charles Taylor, à la Cour Pénale internationale où il est détenu depuis. Une précision: c’est plus précisément le Tribunal spécial pour le Liberia qui a fait emprisonner Taylor, mais, pour nous, c’est tout comme.

C’est la «justice» des Blancs pour ces cons de «Nègres ». De même, c’est l’actuel président de la République de Côte d’Ivoire, M. Alassane Dramane Ouattara, président déclaré élu par la «communauté internationale» — en fait la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis d’Amérique — qui a remis son prédécesseur à la même CPI pour qu’il soit emprisonné à La Haye. Et à dix jours seulement des élections législatives en Côte d’Ivoire!

Curieuses élections législatives, du reste, puisque le chef du principal parti de l’opposition, détenu jusque-là à Korhogo, dans le nord du pays, est à présent livré à la justice des Blancs. Mais ce n’est pas tout puisque la plupart des dirigeants de ce parti, le Front patriotique ivoirien (FPI) sont soit en exil au Ghana, soit en prison, s’ils n’ont pas leurs avoirs gelés par le gouvernement du président Alassane Dramane Ouattara! Lequel vient aussi de jeter en prison trois journalistes ivoiriens.

Curieuse «victoire» aussi que celle de ce président Ouattara puisque acquise dans le nord de la Côte d’Ivoire contrôlé par ses milices armées, celles des Forces nouvelles, qui avaient refusé de désarmer et où, bien évidemment, ses partisans ont pu s’en donner à cœur joie, bourrant les urnes à volonté. Pas étonnant qu’il ait fait un triomphe dans ces contrées du Nord!

La mascarade ivoirienne

Il ne manquait plus dans ces conditions que les félicitations de la Mission des Nations Unies en Côte d’Ivoire. Et elles sont effectivement venues, ces félicitations! Président de la République sortant d’un pays dont la moitié Nord était occupée depuis septembre 2002 par une rébellion armée et financée par M. Alassane Dramane Ouattara, M. Laurent Gbagbo a demandé un recomptage des voix. Un crime aux yeux de la communauté internationale qui a réagi en envoyant les militaires français de la force Licorne bombarder son palais durant des jours et des nuits jusqu’à incendier le réduit dans lequel il s’était réfugié avec son épouse et ses enfants.

Après quoi, le président français Nicolas Sarkozy a organisé un simulacre d’arrestation par les Forces «républicaines» de Côte d’Ivoire composées de seigneurs de la guerre qui ont massacré des populations de l’Ouest ivoirien, plus précisément à Duekoué, dans leur marche vers la capitale économique ivoirienne. Des forces cette fois-ci entraînées, armées et transportées par la France, comme l’a notamment révélé Le Canard Enchaîné.

Et voilà qu’Alassane Dramane Ouattara, président à la légitimité douteuse, livre à la Cour pénale internationale, son adversaire politique, c’est-à-dire l’homme qui, à bon droit, a refusé de reconnaître sa victoire tirée par les cheveux! On dit que les affrontements post-électoraux de Côte d’Ivoire ont fait quelques 3000 morts. Soit. Mais il faut considérer que la moitié au moins de ces morts est imputable aux braves forces «républicaines» dont les chefs dirigent aujourd’hui la nouvelle armée de Côte d’Ivoire. Bien évidemment, la complicité de la France n’est pas à exclure.

Mais bon, M. Laurent Gbagbo au moins peut s’estimer heureux de se retrouver à La Haye puisque le pauvre Guide libyen Mouammar Kadhafi, lui, n’a pas eu cette chance. En effet, il a été tué au moment de son arrestation par des sbires du Conseil national de transition (CNT) qui dirige désormais la Libye, après que le convoi de véhicules dans lequel il avait pris place a été bombardé par des avions de l’Otan.

L’Otan, qui agissait en vertu d’un mandat de l’ONU, lui demandant d’instaurer… une zone d’exclusion aérienne au-dessus du territoire libyen. Apparemment, le convoi du Guide libyen volait dans les airs… Kadhafi connaissant beaucoup de choses sur les dirigeants occidentaux, pas question de risquer un procès devant la CPI!

Certes, son fils Seif El Islam a été arrêté mais les dirigeants du CNT ne sont pas franchement chauds pour le livrer à la CPI. Un simulacre de procès à Benghazi pour qu’il n’incrimine pas d’anciens collaborateurs de son père comme un certain Moustapha Abdeljalil, nouvel homme fort de la Libye «libérée», arrangerait beaucoup de monde!

En Afrique, l’Occident est roi

Pour en revenir à ces Africains qui livrent leurs frères à la CPI, c’est-à-dire la justice des Blancs, on apprend qu’un juge kényan vient de lancer un mandat d’arrêt international contre le président soudanais Omar El Béchir déjà sous le coup de poursuites de la «justice internationale» c’est-à-dire de la CPI dont le fantasque procureur, Luis Moreno Ocampo, a lancé un mandat d’arrêt contre lui.

Prenant leur courage à deux mains, une fois n’est pas coutume, les chefs d’Etat membres de l’Union africaine ont refusé d’exécuter ce mandat. Il ne manque pas d’humour ce brave juge, ou alors il a la mémoire sélective, car dans son même pays, le Kenya, les affrontements post-électoraux de janvier 2008 avaient fait 1500 morts selon un bilan officiel publié le 25 mai entre partisans de Raila Odinga et de Mwai Kibaki.

Pour autant, aucun de ces deux dirigeants n’avait comparu devant la CPI puisque ces troubles particulièrement sanglants s’étaient conclus par… un accord de partage du pouvoir, le premier nommé devenant vice-président du second. Et ce, même si des seconds couteaux avaient été par la suite inculpés par l’inénarrable Luis Moreno Ocampo.

Laurent Gbagbo avait préconisé un scénario de sortie de crise à la kenyane, on lui avait répondu qu’une telle solution ne pouvait plus resservir! Et ce, alors qu’elle aurait pu, dès le départ, éviter au pays des Eléphants des milliers de morts… Que voulez-vous, la «communauté internationale» voulait à tout prix la peau de Gbagbo!

Reparlons des présidents africains qui avaient refusé d’exécuter le mandat d’arrêt contre leur collègue El Bachir du Soudan. Courageux, mais pas téméraires, il leur fallait bien donner des gages à leurs maîtres blancs, d’où la livraison du président Laurent Gbagbo dont même les chiffres de l’ONU ont reconnu qu’il avait obtenu près de 47 % des suffrages exprimés à la présidentielle de novembre dernier.

Autrement dit, c’est le président de presque un Ivoirien sur deux qui vient ainsi d’être livré comme un vulgaire malfaiteur à un procureur en fin de mandat qui, durant tout le temps qu’il a été en poste, n’a fait que pourchasser des Africains. Outre Gbagbo et Charles Taylor, les prisons de La Haye renferment en effet le sénateur et ancien vice-président de la République démocratique du Congo, Jean-Pierre Bemba, ainsi que de pauvres diables congolais comme Thomas Lubanga et autres.

Bref, dans les prisons de la CPI à La Haye, on ne trouve ni Asiatiques, ni Latino-Américains, ni Nord-Africains, encore moins des blancs, seulement des Africains. Il n’y a pas à dire, nos dirigeants sont de vrais salopards!

 

 

 

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14 décembre 2011 3 14 /12 /décembre /2011 12:23

Candidate de consensus, la Gambienne Fatou Bensouda a été élue ce lundi procureure de la Cour pénale internationale (CPI). C’est une grande première pour l’Afrique. Sa nomination donne toutefois le sentiment d’un double piège. Celle qui succèdera à l’Argentin Luis Moreno-Ocampo en juin prochain, était son adjointe depuis 2004.

 

Elle est donc appelée à relever des défis aux rapports dialectiques fort bien connus : ceux de la justice pénale internationale qui vacille dans un monde trouble et complexe, et ceux de son continent d’appartenance, en pleine transition et aux prises avec des intérêts divergents, avec parfois des ramifications en Occident même. Serait-ce donc exprès qu’on l’a préparée puis propulsée à la tête d’une institution aussi sollicitée que décriée ? La CPI a la lourde mission de juger des cas internationaux délicats.

Ceux-ci ne cessent de diviser les pays du Sud et ceux du Nord. Les défis à relever étant énormes, la nomination de Fatou Bensouda mettrait ainsi les Africains à l’épreuve. Sauf que celle qui aura bientôt les clés de la CPI en mains, a du mérite. En plus de son parcours professionnel, Fatou Bensouda constitue un véritable symbole. Sa nature de femme, son continent d’appartenance (l’Afrique) et le pays dont elle est originaire (la Gambie) ont certainement contribué à lui forger une personnalité à même de faire face à de nombreuses situations. Cela a certainement beaucoup aidé le tandem composé avec Luis Moreno-Ocampo.

Ce, d’autant que tous deux viennent de continents et de pays dont l’histoire est marquée du sceau de dictatures impitoyables. Comme par le passé en Argentine de Luis Moreno-Ocampo, la Gambie, pays de Fatou Bensouda, vit présentement l’expérience douloureuse de la dictature du sanguinaire Yayah Jammeh. Femme, la future procureure de la CPI s’efforcera sûrement de faire avancer la cause de l’autre moitié du ciel. En effet, la Cour va devoir s’impliquer de plus en plus ouvertement aux côtés des femmes à la fois victimes des guerres, des dictatures politiques et économiques que des statuts qui les infériorisent. Les inégalités qui dominent les rapports sociaux du genre sont d’une telle acuité sur le continent que la bataille pour la reconnaissance des droits de la femme pourrait y prendre des allures de croisade.

Une véritable révolution donc que de voir une Africaine occuper un tel poste dans un contexte politique international controversé. Comment Fatou donnera-t-elle la chasse aux dictatures en Afrique ? Quelle place accordera-t-elle à la société civile dans ce combat ? L’avenir le dira. D’ici là, il faudra promouvoir la CPI auprès de pays non signataires ou réticents à exécuter les directives de La Haye. Des dictatures, il y en a partout. Seules la forme et la nature diffèrent. Il suffit pour s’en convaincre de regarder comment sont traitées les minorités en Occident même. En matière de manquement au respect des droits humains et sans chercher à la dédouaner, l’Afrique n’a donc pas le monopole des abus. Par ailleurs, si les oligarchies militaires, les dictatures politiques et leurs soutiens économiques prolifèrent, et de manière visible sur le continent, c’est bien parce qu’elles bénéficient de grandes complicités en Occident.

Tout en pompant dans les ressources aux dépens de populations marginalisées et affamées, des supposés « amis », continuent malgré les discours, à épauler l’impunité au grand dam des défenseurs des droits humains. Il est temps pour l’Occident, qui n’aime pas trop qu’on regarde dans sa cour, de faire des efforts à ce niveau. Dans les pays du Nord, la CPI devrait chercher à voir en dessous de la partie visible de l’iceberg. En matière de justice internationale, il y a donc du chemin à faire. Si elle tient à éviter de donner le sentiment que la CPI est l’otage des Occidentaux, celle qui va succéder au légendaire et intrépide Luis Moreno-Ocampo doit aussi traquer et poursuivre les délinquants à col blanc qui opèrent sans vergogne au Sud pour ensuite se réfugier au Nord. Fatou Bensouda devra travailler sans faiblesse, sans états d’âme et surtout sans penchants pro-africains.

Elle qui a su attendre son heure, on s’attend à ce qu’elle œuvre au rapprochement de la CPI et de l’UA. L’Afrique devrait en principe se réjouir de la nomination de l’une de ses valeureuses filles à la tête d’une institution aussi prestigieuse qu’est la CPI. Au regard de l’importance de ce poste qui vise à combattre les auteurs de crimes contre l’humanité, exultera-t-on en Afrique comme à la nomination de Kofi Annan et à l’élection de Barak Obama, ou approuvera-t-on avec modération ? Bonne ou mauvaise nouvelle pour les autocrates du continent ? En tout cas, femme noire à la tête de la justice des Blancs, Fatou Bensouda aura à se surpasser. Membre du sérail, on la devine rompue aux dossiers qui assaillent le cabinet. L’honneur qui lui a été fait et, à travers elle, ce continent, est redoutable par l’énormité de la tâche et des défis.

Mais, quel redoutable honneur de continuer le travail entamé par un illustre prédécesseur ! De nouvelles poursuites seront engagées et bien d’autres envisagées. Nouvelle procureure de la CPI, la Gambienne Fatou Bensouda réussira sa mission si les Africains font preuve de discernement et de soutien. Car, autant la dictature n’a pas de frontières, autant la justice internationale ne saurait avoir de couleur.

Le journal "Le Pays", Bénin

mercredi 14 décembre 2011

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